Depuis le début de « l’expérience », je n’en avais pas encore croisé en forêt de Rambouillet. Je suis donc allée à leur rencontre dans Paris 🙂 J’en ai observé deux que je vous présente.
G138 est un individu bagué en septembre 2019 à Paris. Il a été observé de nombreuses fois ces trois dernières années au Jardin des Plantes et à l’ouest du parc de Vincennes.
G597 a été bagué aux deux pattes il y a un mois à peine au Jardin des Plantes à Paris (21/01/2022). Ce 20 février, il n’avait été observé qu’une seule fois près du Lac Daumesnil.
C’est le Muséum d’Histoire Naturelle de Paris qui effectue cette expérience à laquelle chacun.e peut participer. Dès que vous observez une corneille baguée, tentez de relever le numéro et de vous souvenir de la couleur de la bague. Ce code vous servira à obtenir le CV de l’oiseau.
Cette étude a commencé il y a 5 ans et 550 corneilles noires ont ainsi été baguées et les informations sur leur lieu d’observation notées sur le site : http://corneilles-paris.fr/ Les scientifiques, en analysant les données, peuvent ainsi mieux comprendre l’impact des corneilles sur le quotidien des Parisiens en matière d’accès aux poubelles, de nettoyage d’espaces urbains, de dégâts sur les pelouses tondues, d’agressivité de certains rares individus et proposer des améliorations pour éviter les pullulations de ces corvidés et faciliter leur cohabitation avec les humains. Vous trouverez une synthèse de cette étude ici : http://corneilles-paris.fr/Note_corneilles_francais.pdf
Alors partez à la recherche des corneilles ! Approchez-vous doucement d’elles, regardez si elles portent une bague. Et si parfois elles n’en ont pas, vous pourrez peut-être en observer certaines qui seront bien singulières, comme celle de droite, sur la photo ci-dessous, qui est partiellement leucique : certaines plumes sont blanches à cause d’un défaut de mélanisme.
Bonne recherche !
Rajout du 21 août 2023.
J’ai découvert cet hiver cette superbe bande dessinée « La femme corneille » de Camille Royer : Enquête sur le monde caché des oiseaux noirs. Agréable à lire et appuyé d’observations parisiennes et de résumés d’études scientifiques, vous y apprendrez surement sur ces corvidés parisiens.
Voici le résumé :
Bac à 16 ans, reçue en prépa à Henri IV, à Paris, Marie-Lan poursuit ses études conjointement à Sciences Po et à Normale Sup. Aujourd’hui, elle habite Paris, et son boulot lui laisse pas mal de temps libre. Notamment pour jouer à Pokémon Go. C’est en jouant à ce jeu en ligne qu’elle fait la connaissance de Frédéric Jiguet, professeur au Muséum d’histoire naturelle, spécialiste des corvidés. Cette « rencontre du troisième type » va changer sa vie : elle devient vite accro aux corneilles. Au Jardin des Plantes, elle fait ami-ami avec Bob et Alice, un couple de corneilles qu’elle vient visiter presque chaque jour. En les étudiant et en tissant des liens étroits avec eux, Marie-Lan, la « femme corneille », va découvrir le monde incroyable des corvidés : ils sont, pour la plupart, bigames, pratiquent le « chant des morts », transmettent des informations d’une génération à l’autre, au point qu’on puisse parler, à leur sujet, de culture et même de langage… Ils font aussi partie des rares animaux capables de fabriquer et d’utiliser des outils. Marie-Lan nous fait découvrir l’une des plus prodigieuses intelligences animales. Un livre-enquête passionnant sur les corneilles (et tous les corvidés), considérées par de nombreux scientifiques comme les animaux les plus intelligents après les humains.
Les corvidés sont des passereaux plutôt grands. Sur les 10 espèces présentes en France, on voit facilement ces 5 espèces nicheuses en Ile-de-France : corneille noire, corbeau freux, choucas des tours, pie bavarde et geai des chênes. Ils sont omnivores et ont souvent été des mal-aimés, peut-être en raison du noir qu’ils portent, de leur cris rauques, ou encore du fait qu’ils puissent être charognards. Même s’ils soint protégés par la Directive Oiseaux de l’Union Européenne, en France, 4 espèces de corvidés (corbeau freux, corneille noire, geai des chênes et pie bavarde) font partie des ESOD (Espèce susceptible d’occasionner des dégâts). Notez que je n’ai pas cité la 5ème espèce francilienne, le choucas des tours, qui rejoint parfois ses cousin.es, dans certains départements, lorsque les préfet.es autorisent leur destruction. Mais informons-nous plutôt de leur utilité, à la fois auxiliaire de l’agriculture (lorsqu’ils prélèvent des campagnols) et nettoyeurs de la nature ! Adhérons aux associations de protection comme « Crow Life » (Centre de Recherche et Protection des Corvidés) ou encore l’ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages). Et continuons à les observer pour en apprendre toujours davantage.
Rajout du 21 novembre 2023, décidément 🙂
Cette fois-ci c’est un journal indépendant que son co-fondateur, Philippe Lesaffre, m’a mis entre les main. Il se nomme le Zéphyr Mag. Et dans le numéro 15 intitulé « Le silence des oiseaux », ce journaliste raconte sa rencontre avec Marie-Lan Taÿ-Pamart (la chance !). Vous pouvez trouver l’article « Le choix des corneilles » en intégralité dans la librairie du Zéphyr Mag. D’autres articles sont disponibles en ligne ici, ainsi que des podcasts sur la forêt là.