Les usagers de la nature et leur éthique

« En contemplant une photo, peut-on deviner l’impact du photographe sur l’animal capté ? »

J’étais à l’inauguration de la 9ème saison du Festiphoto à Rambouillet et j’ai aimé écouter les conditions de prises de vues des lauréats des premiers prix du concours. Entre fougue et attentes, patience et passions, préparation et imprévus, c’est en écoutant les photographes décrire leur rencontre, que l’on aime croire à la devise du Festiphoto : « exposer pour préserver ».

M’immergeant souvent dans la nature, parfois un appareil photo à la main, je suis et je serai de plus en plus consciente du dérangement que ma seule présence provoque sur la faune sauvage.

Il m’est arrivé de reculer d’un tronc où se trouvait la loge d’un pic mar alors que je m’apercevais que je retardais le nourrissage des parents qui envoyaient des cris d’alerte et ne semblaient pas vouloir rentrer près des jeunes en ma présence. Je m’étais tant de fois approchée des loges de Pic épeiche, Pic vert, Pic noir ou de Sittelle torchepot sans avoir l’impression d’avoir un impact sur le nourrissage.

Alors je suis vraiment ravie que les festivals photo proposent des règlements dans lesquels les bonnes pratiques sont attendues, comme par exemple l’interdiction du nourrissage (Festival de l’oiseau) ou un dérangement minimal demandé à chaque photographe (Festival de Montier-en-Der).

Mais le niveau d’éthique n’est pas le même pour tout le monde, nos valeurs morales ne sont pas forcément entièrement partagées. J’ai écarquillé les yeux en découvrant l’article de Reporterre en 2023 qui s’est intéressé à ce sujet de l’éthique en photographie animalière : https://reporterre.net/Photographie-animaliere-la-triche-planquee-derriere-le-cliche-parfait

Je sais que nos balades en pleine nature ont un impact et à quel point il n’est pas aisé de s’en rendre compte pleinement. Mon métier me fait accompagner de nombreuses personnes en pleine nature ; c’est l’occasion de parler des conséquences physiques, visuels, olfactives, auditives de notre simple présence sur un chemin forestier, même lorsque nous ne faisons que nous balader.

Faisant de la photo davantage documentaire, souvent en billebaude, je vous laisse imaginer ce qui se cache derrière mes dernières observations de septembre : animaux dérangés (la saison de la chasse est ouverte), rencontre dans un observatoire de réserve dégradé, mais parfois juste des scènes de vie sans dérangement.

Une pensée pour Jane Goodall, à qui le journal indépendant Le Zephyr rend hommage dans sa newsletter.

“We have a responsibility toward the other life-forms of our planet whose continued existence is threatened by the thoughtless behavior of our own human species. . . .” ― Jane Goodall, Reason for Hope: A Spiritual Journey

Trad. : « « Nous avons une responsabilité envers les autres formes de vie sur notre planète dont l’existence continue est menacée par le comportement irréfléchi de notre propre espèce humaine. . . . »

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